Beaucoup de Palestiniens seraient d’accord. La plupart des Palestiniens expérimentent chaque jour les agressions israéliennes et n’ont vu aucun signe de bonnes intentions venant d’Israël. Pour eux, le premier ministre israélien, Ariel Sharon, n’est pas un homme de paix. Et pour les Israéliens, le défunt président Yasser Arafat était un « obstacle pour la paix ».
Depuis qu’Arafat est décédé, les media israéliens sont remplis de commentaires et d’articles qui considèrent que ceci était une chance importante pour la paix. Mais une semaine seulement après la mort d’Arafat, Sharon a trouvé un autre obstacle. Le 18 novembre, Sharon a déclaré qu’avant que les négociations ne puissent recommencer, les successeurs d’Arafat devront mettre fin aux incitations contre les Israéliens dans les media palestiniens et dans le programme d’études palestinien. C’est très difficile de satisfaire à cette condition car ce n’est simplement pas vrai.
En 2000, un groupe appelé ’Juifs pour la Vérité Maintenant » (Jews for Truth Now) a accusé les Palestiniens d’incitation contre Israël dans les programmes scolaires. Le groupe a prétendu qu’un livre de classe intitulé « Notre Pays la Palestine » apprenait aux enfants palestiniens de 6ième qu’Israël devrait être détruite. Le groupe a publié cela dans le journal israélien Ha’aretz, aux Etats-Unis ainsi que dans d’autres pays.
Khalil Mahshi, Directeur Général des Relations Publiques et Internationales au Ministère de l’Education à l’époque, a enquêté sur le sujet et trouvé que la référence supposée être dans ce livre, n’existait pas. Mais, néanmoins, l’annonce avait trouvé une audience inconditionnelle.
Le ’Center for Monitoring the Impact of Peace’, une ONG américaine, a réimprimé l’accusation et a publié un rapport qui a été traduit en plusieurs langues. La conséquence a été que les deux principales sources de financement pour le développement des programmes scolaires palestiniens ont été arrêtées : l’une venait d’Italie et l’autre de la Banque Mondiale.
Entre-temps, une étude menée en 1998 par le professeur Daniel Bar-Tal de l’Université de Tel-Aviv, sur 124 livres scolaires israéliens, étude qui a montré que les arabes étaient décrits tout le temps comme « déviants, hostiles, cruels, immoraux et injustes, et comme voulant faire du mal aux juifs », n’a reçue aucune attention.
La question des livres de classe mise à part, le problème qui semble échapper à l’attention dans ce genre de discussion, est ce qui se passe sur le terrain. En tant que puissance occupante qui tous les jours s’engage dans des pratiques pour humilier les Palestiniens, Israël fait de l’incitation contre elle-même.
Israël dénie les droits fondamentaux aux Palestiniens et la résistance palestinienne est inévitable. La plupart des Palestiniens n’ont pas d’idées préconçues vis-à-vis des Israéliens et les Palestiniens se rendent bien compte que tous les Israéliens ne sont pas des soldats. Il y a des centaines d’Israéliens qui soutiennent les Palestiniens dans leur lutte et qui mettent en oeuvre des activités pour arrêter les agressions israéliennes envers les Palestiniens.
Les activistes de la paix israéliens sont toujours les bien venus parmi les Palestiniens qui les reçoivent dans leurs maisons.
La majorité des Palestiniens réalise que le public israélien est polarisé et ne connaît pas la réalité de la souffrance quotidienne des Palestiniens. Les Palestiniens pensent que le public israélien est trompé par la propagande israélienne. J’entends souvent des commentaires disant qu’Israël n’est pas sincère en ce qui concerne la mise en œuvre de la paix.
J’entends aussi les Palestiniens qui parlent de fermeté et de lutte. La majorité croit en solution de deux états et en une paix juste pour les deux peuples. Il y a un consensus, mais comme n’importe quelle société, il n’est pas total. Il y a aussi des Israéliens à la télévision qui appellent à la mort des Palestiniens comme il y avait des ministres du cabinet israélien qui appelaient à l’assassinat d’Arafat, le président élu.
Mais pour Sharon, il semble que les Palestiniens ne sont pas supposés considérer Israël en tant que force occupante mais plutôt comme une force défensive. Sharon semble vouloir que les Palestiniens arrêtent d’appeler ses forces, des « forces d’occupation ».
Je fais des conférences en psychologie à l’Université de Birzeit et habituellement je ne discute pas de politique avec mes étudiants. Mais il est inévitable qu’ils me racontent leurs problèmes aux check-points israéliens, surtout quand ils arrivent en retard. Et cela est la moindre des agressions alors que les pratiques habituelles consistent en assassinats, en démolitions de maisons et en aplanissements de terres.
N’est-ce pas cela les outils de l’incitation ?
Sommes nous supposés apprendre à nos enfants que l’agression israélienne est pour notre bien ?
Sommes nous supposés rencontrer les soldats israéliens avec des fleurs pour donner le bon exemple à nos enfants ?
Pendant la première Intifada, le gouvernement israélien a fermé la plupart des écoles et universités. Alors comment les enfants palestiniens ont-ils appris à lancer des pierres ? La présence de l’armée israélienne leur a appris cela.
Maintenant, les Palestiniens souffrent encore plus de l’occupation israélienne, une occupation qui est illégale selon tous les principes. Des photos récentes de soldats israéliens faisant violence aux corps de Palestiniens morts, photos publiées dans le journal Yedioth Aharonoth, sont une évidence supplémentaire des pratiques déshumanisantes d’une force occupante israélienne qui opère dans une position de pouvoir incontesté.
Les principales questions sont maintenant :
– que veut dire Sharon en parlant d’incitation ?
– Qui définit l’incitation ?
– Est-ce que seuls les occupés prennent part à l’incitation ?
L’Autorité Palestinienne devraient poser ces questions et se référer à la loi internationale pour obtenir une définition précise. Entre temps, la communauté internationale doit être équilibrée en surveillant l’incitation, mais surtout elle doit se concentrer sur l’accomplissement de l’auto-détermination pour les Palestiniens.
Il ne peut pas y avoir de sécurité pour Israël sans garanti pour les Palestiniens de leurs droits humains et sans mettre fin à la plus importante des incitations : l’occupation israélienne.
Photo transmises par Medji - Réalité quotidienne pour les habitants palestiniens du district de Naplouse